Témoigner de sa joie
Le fidèle n'est pas un automate programmé, l'ensemble des disciplines imaniques n'est pas un encadrement contraignant et insupportable parce que, en contrepartie de l'acceptation de la règle, la joie du devoir accompli, la joie de se savoir créature aimée de Dieu, la joie d'éprouver de plus en plus fort le sentiment de Dieu compensent très largement la soumission initiale.
L'équilibre du mode de vie selon l'innéité, qui est synonyme de la soumission à Dieu (Islam), se traduit par l'équilibre moral et la personnalité imanique épanouie dans l'optimisme, disponible pour l'action.
Le fidèle et la société islamiques, une fois libérés du laisser-aller anxiogène et pénétrés de la joie de trouver Dieu, exultent la santé mentale et l'irradient. Le fidèle doit aborder son frère avec le sourire et le mot d'encouragement. Le sourire est l'homme, le sourire d'amour du fidèle est une tout autre chose que le rictus conventionnel qui n'est que grimace sociale. La joie profonde d'être là en face du devoir qui nous valorise et nous avance vers le destin de félicité éternelle est le tonus qui maintient le courage et les vertus du combattant. Celui-ci ne ressent pas les sacrifices comme perte et manque-à-gagner mais comme contingence normale et sans importance, voire comme participation acceptée et voulue.
Il va sans dire que la tartufferie qui renvoie les opprimés sur terre aux joies du ciel pour justifier l'usurpation et l'injustice est le témoignage du mensonge qui s'installe une fois la Vérité chassée. Il n'y a pas d'équilibre ni de tranquillité d'âme ni de fraternité joyeuse sans la justice. Pas de combat dans la joie sous une dictature. Pas d'effort consenti sans démocratie.
Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine