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L'Amour de Dieu

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25 octobre 2007

Appeler les hommes à Dieu

Appeler les hommes à Dieu

Au deuxième chapitre de ce livre nous avons posé le principe directeur de la méthode prophétique, à savoir le principe du sens, qui s'actualise par l'éveil de la volonté individuelle et collective, de foncer sur le sommet à la rencontre de Dieu. Je veux ici souligner la différence essentielle des deux notions de « méthode » et de « prophète » selon qu'elles sont envisagées dans le contexte de la culture moyenne des intellectuels occidentaux ou employées, comme c'est le cas dans cet écrit, pour rendre des conceptions profondément différentes.

Le mot minhaj que je rends par méthode est employé dans le Coran comme un synonyme explicatif du mot charîâ. Minhaj aussi bien que charîâ signifient voie, mais minhaj est plus actif, plus normatif que charîâ. La Loi, la doctrine, le cadre et le contenu considérés globalement, c'est la voie ouverte et signalisée, c'est la charîâ. La méthode d'avancer sur cette voie est le minhaj. L'éthymologie sert notre propos de jeter les fondements d'une compréhension de la Loi coranique et de l'Histoire exemplaire en vue de passer à l'action.

Or le Prophète et l'exemple de son action sont le pivot de la méthode. Ce n'est pas un homme aux passions intenses et au verbe enflammé que ce terme prostitué évoque. Le Prophète, je mets une majuscule pour marquer ma distance, est un homme de Dieu dont la mission révélée est d'appeler les hommes à Dieu et leur montrer la voie a suivre pour s'accomplir en vertus et en spiritualité.

Le temps des Prophètes est révolu, Mohammed est le Prophète Dernier et la Loi qu'il reçut et qu'il a enseignée est le dernier mot du ciel à la terre. Mais la mission est laissée en héritage au peuple islamique, le devoir de chaque fidèle est de la poursuivre, le devoir de la collectivité islamique sur terre est de répandre l'Appel à Dieu.

Si les motifs nationaux et nationalistes se limitent dans un horizon égoïste de lutte pour la survie nationale, si les motifs révolutionnaires ne dépassent pas les aspirations de classe et du front international pour la justice, les motifs islamiques sont, au-delà de la justice sociale, à la pointe de toutes les revendications profondément humaines. L'homme et les sociétés humaines ne peuvent vivre sans chercher à connaitre le sens de tout cela, sans chercher à connaitre Dieu. Si l'accumulation des connaissances et des biens que l'adresse moderne sait fabriquer obnubilent les esprits et occupent l'espace et le temps de l'homme. les problèmes que l'homme moderne crée autour de lui, sa dilapidation des combustibles, son gaspillage et son irresponsabilité envers la nature et envers ses semblables le rendront de plus en plus conscient de l'impasse où la civilisation des choses le mène. Une civilisation à face humaine est l'alternative que l'homme cherchera après la débâcle économique et la consommation de la violence accumulée que les volcans des petites guerres locales ne suffiront pas à évacuer. La dépression économique mettra le feu qui va détruire tous les dogmatismes matérialistes. Les idéologies sont déjà mortes, une nouvelle ère va naitre, le crépuscule de la civilisation athée à l'horizon de notre temps annonce le soleil de l'Islam. 

Cette ère succèdera aux temps de la haine de classe, de race ou nationaliste. L'Islam est Appel d'amour et de paix sur terre. L'ère de l'Islam succèdera aux temps de l'immoral et de l'absurde car l'Islam est Appel à Dieu, à la responsabilité de l'homme pénétré de sens. L'ère de l'Islam succèdera aux temps du faux car l'Islam est Appel à la Vérité. Elle succèdera aux temps de l'injustice et de l'égoïsme car l'Islam est Appel à la fraternité et à l'altruisme. Elle succèdera enfin aux temps de l'ignorance et de la violence, deux conséquences de l'éloignement de Dieu, car l'Islam est l'idéal qui hausse l'homme aux sommets de la moralité et de la vertu et qui lui ouvre les perspectives de la perfection que connaissent ceux qui aspirent à Dieu, qui se soumettent à Sa Loi et qui sont bons pour Sa Créature.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

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27 janvier 2007

Faire pèlerinage à la Mecque

Faire le pèlerinage à la Mecque

Le peuple islamique, dispersé sur trois continents. cette umma de l'Islam, est-il resté uni par un sentiment fort de fraternité à cause ou malgré son histoire politique ? A-t-il gardé son unité dans les coeurs à cause de ces rencontres annuelles à l'occasion du pèlerinage que chaque musulman est tenu d'accomplir au moins une fois dans sa vie ?

Il est certain en tous les cas que le pèlerinage, cinquième pilier de l'Islam, a joué et joue toujours un rôle très important dans la circulation des idées et l'échange de résolutions entre les peuples islamiques. De tout temps, le pèlerinage a été, pour le musulman moyen, une entreprise de grande importance, une étape de la vie qui sépare un passé de dissipation d'un avenir de pureté. Pour le musulman cultivé, le pèlerinage a été, est toujours le temps et le lieu de rencontres fructueuses, de découvertes directes de ce que sont les Musulmans, rassemblés en congrès, et leurs aspirations.

Aller à un endroit précis, à une époque précise pour accomplir des mouvements apparemment absurdes est l'obligation que Dieu nous a faite pour éprouver notre obéissance. La rencontre avec nos frères et le resserrement des liens de la umma ne sont que les retombées de cette épreuve qui transforme le fidèle sincère dans ses profondeurs. La vie de ces centaines de milliers de pèlerins (cent mille de plus chaque année) accourus des quatre coins du monde : revêtus tous du même pan de tissu blanc, humbles et contrits, est une expérience impressionnante. La fréquentation, pendant un mois, de frères de toutes races et de toutes conditions sans absolument aucune distinction, aucun protocole de préséance est fait pour rappeler chacun à I'égalité fondamentale de tous les hommes.

Les spécialistes modernes du viol et de la transformation de la personnalité (voir les nazis et les communistes) utilisent le déplacement continuel dans l'espace, le dépaysement et l'obéissance aveugle comme conditionnement efficace pour casser l'ancienne personnalité. Ces techniques diaboliques se perfectionnent rapidement, comme se propage la violence « révolutionnaire » qui déplace les populations en les chassant ignominieusement de chez elles ou en les obligeant à fuir les atrocités et les massacres (voir les réfugiés du Viêt-Nam et de l'Afrique, celle du Sud surtout). Le déplacement volontaire et discipliné des fidèles est une épreuve de plus dans cette ascèse globale que nous avons appelée Exode par laquelle la personnalité islamique se forge. Les vertus ne s'épanouissent pas dans le sommeil et le confort. Les habitudes de facilité et les aises domiciliaires remplissent la vie des êtres pusillanimes, inaptes au Combat.

Nous avons placé à la tête de la vertu de combattre cet affluent pour rappeler qu'avant tout, le combattant doit posséder les qualités rustiques de sobriété et d'endurance. Ensuite les qualités de sociabilité et d'altruisme. Le pèlerinage est l'exercice par excellence pour développer et orienter ces qualités. La haute spiritualité qui accompagne ce voyage exceptionnel dans la vie de chacun peut entretenir, si la méthode est observée dans sa totalité, l'énergie pour le voyage vers Dieu que chacun de nous est appelé à entreprendre.

 

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

24 décembre 2006

Ne pas se laisser séduire par la vie basse

Ne pas se laisser séduire par la vie basse

Les tensions sociales et internationales d'ordre économique et politique que connaît le monde ont pour origine l'esprit jahiliyen de la civilisation matérialiste dominante. Les valeurs matérielles remplacent les valeurs humanistes de fraternité et de solidarité que l'on ne trouve encore, à l'état de vestiges, que dans les endroits à l'écart de la civilisation rationnelle, utilitaire et égoïste : campagnes et pays sous-développés.

Ces tensions font planer sur le monde le spectre de la violence ; la guerre des classes et la guerre des nations se profilent à l'horizon. Le marxisme, qui est la fine fleur de l'esprit jahiliyen, comme les fascismes plus frustes basent leurs philosophies sur la lutte violente pour la justice et la suprématie du plus fort. Pour assurer cette suprématie, les Etats en quête d'hégémonie ne se servent plus d'idéologies que pour l'exportation et le manège diplomatique, la violence pure de la Realpolitik est la méthode.

Production de plus en plus accrue, défense des positions stratégiques constituent un complexe économico-militaire. Violence sur la nature et violence contre les hommes. Mauvaise répartition des ressources et mauvaise utilisation. Le niveau de vie des occidentaux continue à grimper au-delà de sept mille dollars par personne et par an malgré la régression économique et la cherté du pétrole alors que les pays les plus désarmés continuent de s'appauvrir et sont écrasés sous la charge double de l'Energie hors de prix que les Arabes contrôlent et de la nourriture et de la technique que l'Occident monopolise.

La civilisation matérielle s'avère incapable d'organiser le monde et d'offrir aux habitants du globe une convivance civilisée. Après les systèmes coloniaux et impérialistes, voilà que les forces jahiliyennes enlèvent le masque et montrent carrément les dents ; c'est la guerre économique de tous contre tous. La jungle darwinienne tend à sa logique ultime. Les pays islamiques doivent s'armer pour ce combat en se joignant aux faibles. Mais nous devons surtout montrer au monde la solution fraternelle.

L'efficacité sans moralité est une course à la catastrophe. La moralité sans spiritualité n'est qu'une vertu éphémère que la dureté de la vie et la condition du monde diluent rapidement. L'Occident a fini de perdre sa spiritualité, il est en train de passer au stade cynique où toute moralité disparaît. Les cris pour les droits de l'homme annoncent peut-être un retour, peut-être ne sont-ce que les derniers glouglous d'une conscience qui se noie.

L'Occident dévoyé a persuadé le monde que la Vie dernière n'existe pas et que la valeur suprême est le « bonheur » pour l'individu et la force- pour les nations-Etats, cadres où se consomme ce bonheur. La « vie », la « culture », l'art,, le plaisir, la gloire, le loisir ; telles sont les catégories du bonheur terrien, telles sont les valeurs que l'Occident cultive et enseigne, et elles tournent toutes autour des instincts et des pulsions de bas niveau de l'homme.

Le renouveau islamique qui a pour mission de rappeler sa dignité à l'homme et d'appeler l'humanité à Dieu doit situer le nécessaire, le besoin voire le confort décent économiques dans leur cadre véritable ; la justice responsable et le don comme devoir fraternel lié au devoir-être du fidèle évoluant vers la mort et vers la Vie dernière et éternelle.

Le fidèle, la société des fidèles doivent tenir en compte la nécessité de préparer la force physique et militaire et se tenir prêts à toute éventualité, mais la force morale tirée de la Vérité de la foi en Dieu et en notre devenir est le contenu du message dont nous sommes porteurs.

C'est par le dépassement de l'égoïsme individuel et la répression des instincts déréglés dans la société que les tensions sociales et internationales pourront être dissipées. La vie basse (al hayat ad douniâ) n'est à mépriser qu'en tant que piège. L'avoir et le combat juste pour le défendre et en assurer une utilisation répondant à la finalité de l'homme sont des valeurs essentielles. C'est lorsque l'avoir et son évolution cancéreuse (takâthur) menacent la spiritualité et la moralité de l'homme, lorsque l'avoir nourrit une philosophie matérialiste et échappe au contrôle moral et politique de la société qu'il doit être un objet de méfiance, comme étant la séduction néfaste à maîtriser.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

16 octobre 2006

Etre économe et sobre

Etre économe et sobre

La justice sociale intra-étatique en pays musulmans ne le cède en rien comme urgence vitale sinon à l'abolition des différences monstrueuses inter-étatiques. Le Bangladesh et tant de populations islamisées en Afrique et ailleurs meurent de faim alors que des villes-Etats vivent dans l'opulence la plus éhontée. On ose malgré cela parler de fraternité islamique !

L'on vit en pays musulmans de désordre sur le même Pied d'égoïsme qu'ailleurs, et il faudra du temps pour que la conscience du devoir de fraternité et la volonté de le respecter prévalent sur les mobiles ordinaires. L'Islam prescrit à l'individu les vertus d'économie et de sobriété, c'est la dimension psychologique qui manque à la mentalité consommationniste et permissive qui anime cette époque matérialiste. La société islamique du renouveau doit chercher ailleurs que dans l'élévation universelle et sans limite du niveau de vie la solution aux problèmes de pénurie des ressources, surtout énergétiques, dans le monde, et à celui de la démographie qui fait s'arracher les cheveux aux spécialistes de la prospective.

Pénurie ou pléthore, population dense et pauvre ou territoires abandonnés (voir, le Soudan), telles sont les principales données du déséquilibre inter-étatique de nos Economies. Les pays islamiques qui ont des potentialités énormes importent des produits de luxe et des armements sophistiqués inutiles faute de combattants, mais aussi et surtout, et c'est le signe de notre arriération, les produits alimentaires de base.

Notre dépendance est due grandement à notre incapacité d'affecter les facteurs de productions épars à bon escient; cette ineptie socio-économique se nourrit de l'instabilité et de l'illégitimité politiques. Que veut le peuple à la base ? Que veulent ses dirigeants coupés de cette base et nageant soit dans des idéologies importées avec la mentalité, les goûts et la personnalité afférents, soit dans des idées autochtones du désordre avec la personnalité et les habitudes archaïques ?

Le peuple veut la justice dans la dignité. Le. peuple est capable de consentir les sacrifices nécessaires si ses dirigeants savaient le conduire. Mais voilà, ils ne savent pas et le peuple se consume dans la honte sous la férule du sionisme victorieux et prospère et dans la misère. Les dirigeants, eux, exploitent le peuple et tournent dans le vide sans prise possible sur ce qui fait naître la vie et le mouvement : un sentiment fort et des idées limpides.

L'Islam est le sentiment fort, la méthode islamique et le modèle prophétique fournissent des idées claires quant aux objectifs de justice et d'efficacité. La jeunesse désoeuvrée et mal éduquée qui fourmille dans nos bidonvilles pourrait être l'agent de sa propre régénération dans un cadre islamique de justice et de responsabilité. La réforme agraire qui est une première nécessité pourrait tourner au profit de notre indépendance alimentaire, nécessité vitale. Les ressources qu'une Economie extravertie consacre à la satisfaction de la consommation de luxe de l'Européen et des couches parasites de chez nous pourraient être affectées aux investissements productifs dans les domaines prioritaires, dont l'agriculture céréalière.

Il faut éduquer la personnalité islamique sobre et économe capable de maîtriser cet élan satanique de l'égoïsme sans frein dont l'exemple et l'excitation nous viennent de l'Occident frénétique. La jeunesse en chômage après ou sans le passage dans les casernes mal surveillées que sont devenues nos écoles et nos universités est tourmentée par le démon de la consommation ; la drogue et le crime pour la financer sont devenus l'occupation centrale de ces hordes de malheureux. Un idéal et une volonté ferme, et vous verrez une armée de salut sortir des tanières. Ces pauvres ne demandent et n'appellent au fond d'eux-mêmes que la pureté et la sobriété. Victimes des systèmes corrompus, les opprimés de chez nous, dont la jeunesse malheureuse, pourront sous une conduite sage enrichir leurs pays de talents enfouis et constituer les phalanges du combat pour le développement optimum que l'humanité recherche.

Il faut des combattants sobres et endurants pour construire l'Economie d'indépendance et de décence confortable. La croissance zéro que les économistes alarmés préconisent aux pays nantis n'est qu'une mystification si elle est proposée également aux peuples pillés vivant dans le dénuement. L'humanité devra bien un jour, si la catastrophe nucléaire ne vient pas tout mettre en l'air avant, apprendre à vivre dans les limites des ressources finies qu'offre la planète. L'humanité devra bien un jour apprendre à être économe des biens que Dieu a déposés dans la nature comme patrimoine commun. Mais d'ici là, d'ici à ce que l'humanité s'assagisse et que les savants et les politiciens trouvent solution aux problèmes cuisants de l'Energie et de la pollution, aux problèmes de la voiture particulière qui ruine l'humanité, les pays islamiques doivent mettre en pool leurs actifs pour jouer un jeu de plus en plus chaud de compétition et de combat pour la survie économique.

Nous serons très en dessous de la situation sans la mutation éthique conjuguée avec la révolution politique de légitimité et la révolution sociale de justice. Il faut que cette triple mutation mette en selle la personnalité islamique et construise la société islamique basées sur le déni systématique de l'égoïsme. Sobriété et économie sont les deux pôles psychologiques de la sagesse dans le domaine de l'Economie.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

19 juillet 2006

Bien gérer l'avoir

Bien géré l'avoir

Le mot iqtisad par lequel on traduit de nos jours « Economie » se trouve connoté dans le hadith avec l'idée de cheminement. L'avoir en Islam, confié provisoirement à la gérance des individus, a une fonction sociale : celle de fournir un bon équipement aux voyageurs de l'éternité, de favoriser leur avance morale et spirituelle en les mettant à l'abri du besoin.

Parler des entraves psychologiques au développement économique est aussi important que d'analyser ses conditions objectives. Les révolutions du développement qui concentrent tous les efforts à changer les structures sans jamais parvenir à la mobilisation du peuple faute de cette mutation éthique, de ce souffle nouveau qui change l'attitude des hommes, croupissent à un stade ou à un autre dans la médiocrité bureaucratique et voient réapparaître la même corruption et la même irresponsabilité.

La révolution islamique doit satisfaire en tout premier lieu au critère d'efficacité. L'Economie héritée est pleine de contradictions et son redressement est la tâche concrète la plus évidente et la plus immédiate.

Nos Economies sous-développées n'évitent les défauts du système capitaliste ajusté au profit des clients du pouvoir que pour tomber, après chaque coup d'Etat, baptisé « révolution » ou « redressement », entre les mains des bureaucrates planificateurs dont l'empirisme tâtonnant se solde inévitablement par un échec retentissant.

Le développement économique en pays anciennement colonisés et pillés se heurte aux obstacles objectifs de la rareté des ressources naturelles et financières aussi bien qu'à celles humaines et psychologiques afférentes à l'absence de cadres qualifiés et à la mentalité non productive des masses.

La marche du « socialisme » qui vient remplacer le désordre séculaire ou un autre « socialisme » qui a échoué s'achoppe aux difficultés du statique qui ne veut pas bouger, de la bonne répartition qui ne se fait pas parce que la nouvelle structure du pouvoir politico-économique reproduit les mêmes rapports d'exploitation, de la pénurie parce que les investissements nouveaux sont mal calculés et la production mal organisée. Après avoir animé les espoirs et porté haut les enchères de la promesse, les régimes qui se succèdent chez nous sombrent dans les mêmes fondrières et sont acculés à hisser d'un cran la dictature. Les appareils de répression et de propagande suppléent aux carences des appareils de production et de répartition.

A la base d'une formule islamique du développement, il faut d'abord un pouvoir légitime élu et responsable. Ensuite la participation de toutes les anciennes classes en voie de refonte.

Sans ces deux conditions qui s'épellent : Etat fort de sa légitimité + Appel écouté, il n'y a en perspective que le cercle vicieux du coup-d'étatisme. L'échec bourgeois enfantera les régimes durs qui, à leur tour, après un échec Plus retentissant, céderont la place aux régimes mous et pro-Occident. La même police cependant et le même manque de vision. Les idéologies successives font tache sur I'horizon plein d'espoir des peuples islamiques pour se dissiper tôt ou tard tels des mirages trompeurs.

Pas de redressement économique sans un gouvernement légitime, pas d'éveil du peuple ni par conséquent de mobilisation sans des sentiments et des idées conformes à l'idéal que le peuple islamique porte en son coeur. Dépasser le capitalisme sans tomber dans un capitalisme d'Etat inefficace et sanguinaire peut alors résulter d'ajustements successifs maîtrisés. Le problème de l'accumulation intérieure pourra être résolu à la fois par l'intéressement des épargnants les plus modestes au lieu de laisser jouer les mécanismes capitalistes qui accaparent l'Economie au profit des seuls nantis et par la nationalisation.

En Economie islamique, il n'y a pas place pour que les égoïsmes jouent, il faut mettre en échec l'esprit de lucre et les ruses de l'instinct acquisitif. Le gonflement démographique joint à l'analphabétisme qui gagne du terrain en chiffres absolus et à la pénurie des ressources dictent la solution ferme d'Omar Ibn AI Khattab qui à la veille de sa mort, annonce sa décision d'entreprendre un nouveau partage des richesses.

Pour que les choses obéissent à l'injonction du changement donnée par le pouvoir d'Etat, il faut que la voix de l'Appel soit entendue par les hommes. Les divergences d'intérêt, les problèmes d'organisation et de formation, le rôle du travailleur et la satisfaction de ses revendications, la part du capital et de l'entrepreneur sont des variables à ordonner et à harmoniser au sein d'une conception générale de la personne et de la société islamiques.

Les intérêts vitaux que les moyens économiques et matériels sont appelés à servir en société islamique s'échelonnent sur trois étages :

Le nécessaire (darouriy), c'est-à-dire le minimum compatible avec la préservation des cinq entités qui constituent l'objet des soins de l'Etat et de l'Appel. A savoir : la religion, la vie, la raison, la famille et l'avoir.

Le besoin (hàjiy), c'est-à-dire la marge qui se situe entre le nécessaire absolu et le superflu. Au niveau du nécessaire, c'est l'austérité ; au niveau de la satisfaction du besoin (haja), c'est une honnête décence.

Le confortable (takmîly) représente les facilités de la vie qui libère l'homme des corvées inutilement pénibles et introduisent dans la quotidienneté un minimum d'agrément.

Le confort du superflu, qui est l'objet des convoitises de tous dans les sociétés économiquement avancées et de la minorité parasite et accapareuse chez nous, est le danger à éviter. Ce confort consommationniste a nom isrâf dans la terminologie coranique. C'est littéralement le dépassement de la mesure.

La redistribution islamique, le rééquilibrage et la restructuration de nos Economies bâties sur le principe du profit ou planifiées pour servir les intérêts d'une minorité doit prendre en compte l'impératif égalitaire. Assurer d'abord le nécessaire pour tous et viser à atteindre un jour à la décence confortable. Le décalage scandaleux entre la base pauvre, ignorante et malade et les couches au pouvoir politico-économique est à niveler sans toutefois casser la machine. Ici encore, la fermeté ne doit pas déborder en violence. Devant l'urgence de la justice sociale longtemps attendue, il faut parer au nécessaire à tout prix, puis faire fondre les graisses maladives par une progression de la taxation, par les nationalisations stratégiques et par la mise sous tutelle des capitaux des entreprises non productives.

Le circuit financier, banques et système de crédit, doit être repensé et réagencé conformément à la prescription fondamentale qui interdit le ribâ, le prêt à intérêt. Une nouvelle entreprise doit être inventée dans laquelle l'initiative de l'entrepreneur sera peut-être moins récompensée matériellement mais dans le financement de laquelle le capital partage le risque et récolte sa juste part.

A un stade ultérieur, et il faut mettre le temps de notre côté, le crédit et la banque doivent être nationalisés. Le dépassement du capitalisme demande un empirisme lucide ; que les expériences des socialismes foisonnants et l'assagissement de la vieille machine capitaliste en crise soient présents sur nos tables de débat afin que notre empirisme fasse l'économie des erreurs des autres.

C'est en termes de crise économique, cette crise qui menace le monde, qu'il faut penser nos relations avec nos classes à vérifier, celles avec les sociétés transnationales qui font la loi dans la jungle économique, celles avec les nations opprimées qui combattent pour un ordre économique mondial plus équitable. Ce combat est nôtre : la solidarité inconditionnelle avec les « damnés de la terre » doit être notre politique.

Néanmoins nous espérons que l'état de crise, le déséquilibre de la surproduction sectorielle internationale, la guerre des protectionnismes dicteront aux pays islamiques divisés la nécessité de pousser vers une solidarité islamique plus avancée. L'intégration économique et une division judicieuse et rationnelle du travail pourront faire des pays musulmans un marché capable de parler d'égal à égal avec les groupements solides qui font la pluie et le beau temps dans l'Economie mondiale.

Notre présence économique au monde est réelle et considérable, même dans l'état de division en Etats-nations à idéologies adverses que nous subissons, malgré la mauvaise gestion de l'avoir commun de la umma dilapidé en dépenses inconsidérées. La conscience de notre unité fondamentale que l'Appel éveille partout en Iran et au Pakistan, en Turquie comme dans les pays arabes, rencontrera la nécessité de survie économique pour former l'énergie totale qui nous mettra en orbite économique autonome. Les nations industrialisées et riches de leurs accumulations du pillage possèdent le savoir technique qui leur assure une position économique d'hégémonie. Longtemps, et aujourd'hui plus que jamais, les nations riches ont joué sur nos besoins de luxe, sur nos besoins en armements et en capitaux et surtout sur nos besoins alimentaires pour nous dicter leurs conditions et nous vendre leur savoir-faire au compte-gouttes et au prix fort, y compris surtout le prix de la déformation culturelle de notre personnalité. Il est temps dans cette période de crise et de pénurie de l'Energie que nous joignions nos forces avec nos frères musulmans et nos frères opprimés pour obliger nos partenaires tricheurs à payer à un juste prix nos ressources naturelles et à partager avec nous le savoir technique.

Le transfert de technologie se fait mal, cela se réduit seulement à un transfert de machines coûteuses dont l'entretien et le remplacement renforcent notre dépendance. L'Occident regrette déjà d'avoir équipé les pays sous-développés d'usines dont les produits font concurrence aux siens et menacent l'emploi de ses travailleurs. L'Occident se réserve les techniques avancées et tient jalousement secrètes les techniques permettant de fabriquer les produits à grande valeur ajoutée. Il faut maîtriser l'illusion que la technologie est transférable, à moins de l'effort d'invention et d'adaptation. Individuellement, les Etats islamiques seraient moins capables de cette adaptation-invention en cette époque où tout dépend de la recherche scientifique pour laquelle nous sommes encore très mal équipés. Le brain drain, cette hémorragie des cerveaux, est le phénomène parallèle de l'hémorragie de notre avoir en dépenses folles. Le capital humain est très mal géré chez nous à cause de la mauvaise gestion générale. Cela nous ramène au niveau politique. L'incohérence des projets et des choix des pouvoirs de la nécessité préoccupés soit par leur plaisir, soit par la pérennité de leur dictature met le chaos dans l'Economie. C'est la faillite si les ressources sont limitées, c'est l'engorgement des chantiers de prestige que sert une main d'oeuvre importée quand on a des pétro-dollars.

Hémorragie et mauvaise gestion, voilà le résultat économique de l'illégitimité, de l'instabilité et de l'injustice sociale subséquentes.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

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16 mai 2006

Etre modeste

Etre modeste

«Dieu, dit le Prophète, m'a recommandé ceci : soyez modestes afin que nul parmi vous n'exerce sa superbe sur son frère, afin que nul parmi vous ne devienne injuste envers les autres. »

La personnalité islamique s'annonce par la facilité de l'abord, la décence et la modestie. Le fidèle doit être fier de son appartenance à Dieu et le montrer. Il doit montrer ses capacités avec la tranquille assurance de celui qui connaît ses limites. Les injustices apparaissent lorsque des egos frustes se disputent l'avoir et la première place. La personnalité jahiliyenne présente l'assurance du mépris des autres, l'arrogance de l'égocentrisme et l'avarice crispée.

« Voulez-vous, dit le Prophète, que je vous montre les habitants de l'Enfer ? Ce sont les gens grossiers, avares et méprisants. »

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

24 avril 2006

Avoir de la mesure

Avoir de la mesure

Le changement que notre état exige est un changement radical, mais les méthodes précipitées, donc incontrôlées, vont d'excès en excès pour s'arrêter finalement dans le totalitarisme et la normalisation violente.

La norme islamique de la société communautaire, de la démocratie, de l'organisation politique et économique, de la personnalité individuelle et collective ne peut être approchée que par des moyens islamiques.

La non-violence est un principe fondamental de l'action intérieure et extérieure des fidèles. Mais il faut définir tout de suite la violence pour que l'on n'assimile pas l'Islam à un moralisme débile. Est violent tout acte non conforme à la Loi. La force est le contraire de la violence et la caractéristique de la poussée islamique dans l'histoire. Les premiers musulmans avaient un message à porter à l'humanité; ils ont culbuté les puissances oppressives qui ont tenté de leur barrer le chemin. Ils faisaient un usage légal de la force.

Aujourd'hui et demain, tout ce que demandent les musulmans, c'est que leur dignité et leurs droits légitimes soient reconnus. Les Etats islamiques fédérés d'après-demain seront le facteur d'équilibre dans le monde, l'incarnation de la mesure.

En attendant, le peuple musulman a le droit de se soulever contre les dictateurs illégitimes gestionnaires du désordre. Descendre dans la rue et provoquer la grève générale est parfaitement légal, voire obligatoire. L'action conduite par Khoumeiny montre l'exemple. Ne pas tuer, ne pas porter d'armes contre les dirigeants qui ne renient pas Dieu est la juste mesure, mais leur résister, leur désobéir jusqu'à la paralysie de leur machine est un devoir. Quant aux mécréants cyniques et aux athées déclarés, le soulèvement armé contre leurs régimes est la Loi.

Bref, l'Islam est amour; la modération et la pitié doivent être les mobiles dominants. La bonté de coeur englobe tous les êtres vivants dans cet amour. Les sociétés bienfaitrices des animaux sont des inventions islamiques depuis des siècles. C'est de l'Islam que l'Occident de la Renaissance a appris la douceur des moeurs à sa sortie de la violence superstitieuse du Moyen Age. Nous nous sommes ensauvagés au contact du colonialisme occidental, il nous faut ressourcer dans l'amour; la vigueur du combat qui nous attend ne doit pas faire oublier que nous sommes pour la paix et la mesure, bonté calme et généreuse pour qui nous respecte.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

5 avril 2006

Supporter les coups durs

Supporter les coups durs

La vertu d'endurance, de patience et de persévérance est rendue en arabe par un seul mot : sabr. C'est le propre de ceux qui ont jugulé et maîtrisé leur égo de ne pas réagir aux excitations, de ne pas se laisser décourager par un échec.

La reconstruction islamique attend des hommes les plus grands sacrifices. Les habitudes confortables doivent faire place à l'activité volontaire et soutenue. Cela ne se fera pas sans meurtrir quelques egos superbes,

C'est seulement quand on est maître de soi que l'on peut dicter sa volonté à la réalité. Or il faut une grande dose de cette maîtrise chez les personnalités de l'Etat pour diriger les activités des gens et les arracher au désordre sans faiblir ou devenir violent. Les hommes d'Appel ont besoin de beaucoup de patience et d'ouverture pour élever la visée des hommes à Dieu sans se laisser énerver par la résistance et les déviations héritées.

Il faudra maîtriser les illusions du succès facile, maîtriser l'Etat en résistant au pouvoir qui rend fou, maîtriser la modernité, maîtriser le fanatisme et l'agressivité, maîtriser l'opération de vérification pour ne pas tomber dans l'excès des violences vindicatives. Pour cela, une seule méthode : obéir à Dieu et non aux impulsions de l'égo. Or, ceci n'est pas à la portée de tout le monde ; le leadership islamique doit avoir de la modération à revendre, mais aussi de la pointe et du souffle.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

28 mars 2006

Se taire et méditer

Se taire et méditer

Le monde actuel est inondé de tapage et de bavardages. La pollution par le bruit n'est pas le moindre aspect de la pollution générale qui gagne de proche en proche les pays sous-développés à mesure de leur développement sur le modèle de la croissance forcenée du gaspillage.

De même, les appareils de propagande de l'Etat animés par la fièvre idéologique, comme la cacophonie publicitaire, déversent sur les gens un flot ininterrompu d'informations qui noient la faculté de méditer chez les plus intelligents.

Les fidèles ont besoin d'un temps de recueillement ; il faut aménager le milieu et éduquer les personnes afin que le temps et l'occasion soient donnés à chacun de rentrer en soi pour méditer le sens et ajuster ses pensées. La revendication écologiste a pour horizon et finalité le bonheur terrien de l'homme. Ce bonheur écologique est une condition propice à la tranquillité qui, elle-même, favorise l'épanouissement des vertus.

Comme la pauvreté est la grande distraction qui empêche l'homme de se consacrer à Dieu, les autres distractions, dont les pollutions de toutes sortes, sont des obstacles au perfectionnement de l'homme.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

12 mars 2006

Savoir se taire

Savoir se taire

Se taire et garder le secret est une vertu essentielle sur le plan des relations humaines. A l'origine des animosités se trouvent souvent un mot déplacé, une insulte proférée, la manifestation verbale agressive de l'ego mal dominé.

Toute une éthique de la parole est enseigné par le Prophète ; c'est un péché très grave de colporter des bruits non vérifiés, de fomenter la discorde, de dire du mal du frère absent, d'insulter un fidèle. Il est même ordonné de ne pas insulter l'animal.

Le devoir de nasîha, de la critique-proposition doit s'accomplir en toute loyauté ; mais il est interdit d'espionner ou de divulguer un secret. Le devoir de nasîha est tempéré par l'obligation faite à chacun d'épargner son prochain dans le cas d'infractions individuelles sans portée sur la marche de la société. La police et le contre-espionnage doivent épauler la vigilance générale, mais les méthodes inquisitoriales sont à bannir totalement.

Extrait de "Révolution à l'heure de l'islam", Abdessalam Yassine

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  • Dieu est près de Sa créature, attentif à ses aspirations, Le coeur béni du bon serviteur est inondé d'amour qui rejaillit sur le monde entier et se fixe en un attachement tout particulier au Prophète.
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